lundi 4 février 2008

Chapitre LI


Le Père gardien hausse les épaules. Il se tait. Les minutes passent. Markus commence à s’endormir.
Le moine se lève et sort. Il abandonne Markus. Les compresses, les piqûres, les discussions. Il file retrouver Jabicus à sa consultation.

Létitia passe la tête. Le Capucin lui raconte en deux mots les événements de fin d’après-midi.
— Maintenant il se persuade que notre protomartyr est son arrière-trisaïeul.
— Donc, dit-elle, tout à l’heure, dans la voiture accidentée, ce n’était pas lui. Qui, alors ? Je cours à la bergerie.


Après les claques de Jabicus, se sont les baisers de Létitia qui maintenant réveillent Markus, toujours enfoui dans les coussins.

— N’aurez-vous jamais pitié, dit-elle, de ceux qui vous aiment. Je vous ai vu mort. Broyé dans une carcasse de quatre-quatre.
Létitia, on le sait, s’effraie souvent toute seule avec les tarots. Ou avec les gouttes d’huile d’olive qu’elle laisse tomber dans une bassine en se caressant le bout des seins, à la manière des sorcières locales.
Dans ses bons moments, elle pressent au moins dix catastrophes par semaine. Selon son humeur, leur nombre peut doubler.

— En tout cas, dit-elle, le drame est arrivé. Hier, vous vouliez me faire de la peine avec Juliette. Ne la cherchez pas. Elle prie au chevet de son mari, en réanimation à l’hôpital. Il a lancé sa voiture et son rival contre un arbre. Il voulait tuer celui qui le cocufiait. Ce n’est pas vous, Dieu soit loué.
— Quelle Juliette ?


Assise sur le canapé, Létitia pense que Markus ne l’a jamais écoutée.

— Votre historiographe, ne faites pas l’innocent. Depuis trois jours que je vous commente sa prose, vous auriez dû vous apercevoir que nous nous connaissions. Même si, ces jours-ci, nous étions en froid. A cause, justement, du petit livre dédicacé.
« Il faudra toujours tout vous expliquer en détail. J’étais certaine que vous aviez revu Juliette et que son mari voulait vous éliminer. Il y a une heure. Je me suis trompée. Tant mieux. N’en parlons plus.


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